Une plante qui compte jusqu'à 5


Gianni Sarcone

On savait que les oiseaux pouvaient compter, mais qu'en est-il des plantes ? Cette idée, qui peut paraître saugrenue ou surréaliste, est en fait à prendre au sérieux : des chercheurs de l'université de Wurtzbourg (Allemagne) ont découvert qu'une plante carnivore avec un nom évocateur, la dionée attrape-mouche, ferme d'un coup sec ses redoutables mâchoires végétales lorsque les petits poils à la surface de ses deux lobes sont stimulés à deux reprises dans un laps de temps de vingt secondes. Une stimulation supplémentaire amorce le processus de digestion de la proie. Cinq stimulations déclenchent enfin la production d'enzymes digestives – et, par la suite, plus les poils seront stimulés, plus la plante produira d'enzymes. Les stimulations des petits poils de la dionée sont censées représenter un insecte en mouvement ou qui se débattrait.

Récapitulons : la première stimulation ou décharge met la dionée en mode « stand-by ». À la deuxième décharge, la plante commence subrepticement à se refermer autour de la source de stimulation. À la troisième décharge, elle resserre son piège. À la quatrième décharge, une hormone est produite, qui enclenche le processus de digestion. Enfin, à la cinquième décharge, la dionée attrape-mouche produit des enzymes et entre en phase de digestion.

Certes, il ne s'agit pas là d'une question de compétences en mathématiques, mais plutôt d'une stratégie pour économiser de l'énergie vitale dans un environnement pauvre en nutriments. En fait, pour la dionée, savoir « compter » jusqu'à 5 est d'une importance capitale : cela lui permet d'évaluer si la proie vaut le déplacement ou s'il vaut mieux attendre un plus gros insecte…