Chiffres romains et passions modernes... jusqu'à l'absurde


Clémentine Laurens

Polémique à Lutèce, en mars MMXXI. Le musée Carnavalet, consacré à l'histoire de Paris, aurait « aboli les chiffres romains » dans son nouveau parcours de visite, au prétexte qu'ils représenteraient « un obstacle à la compréhension », affirme le quotidien italien Corriere della Serra.

En France, certains linguistes et historiens déplorent publiquement la décision. Une partie de la presse italienne s’insurge, avec des mots parfois violents : « fléau du politiquement correct », « catastrophe culturelle »

Mais comme le relève la journaliste Anaïs Kien pour France Culture : « Tout ce bruit est surtout une belle supercherie montée en épingle jusqu’à l’absurde. » En effet, seuls cent soixante-dix textes, sur plus de trois mille dans tout le musée, sont concernés par cette suppression des chiffres romains : les cartels qui constituent le nouveau « dispositif d’accessibilité universelle » de Carnavalet, principalement destiné aux publics étrangers ou encore aux visiteurs en situation de handicap. Une goutte d’eau dans un océan, donc. Mais dont l’ampleur des répercussions révèle la polarisation du débat entre défenseurs des traditions culturelles et promoteurs d’une médiation priorisant l’accessibilité grand public.