Une aberration : la discontinuité dans la formation mathématique


Gilles Cohen

En France, les possibilités de formations en mathématiques pour les élèves des cursus non scientifiques diminuent à chaque réforme.

La compétence mathématique, comme on le voit dans les articles du hors-série 73 de Tangente (actuellement dans les kiosques), est une nécessité pour une grande proportion des emplois qui seront proposés dans les années à venir. Pour les autres, un aspect important de la formation mathématique est également indispensable : la capacité à raisonner, même si des savoirs pointus ne sont pas exigés. La place des mathématiques dans les enseignements en collège et lycée était donc à revoir, avec un but double à atteindre :

- augmenter la sensibilité mathématique de la majorité des élèves et leur capacité de raisonnement scientifique, sans pour autant exiger de connaissances importantes ;

- permettre à une proportion croissante de jeunes de poursuivre des études scientifiques demandant des connaissances mathématiques plus poussées, exigibles en classes prépas, en écoles d’ingénieur ou dans les circuits universitaires.

 

La dernière réforme des lycées avait donc une grande utilité. Le résultat est malheureusement pitoyable, en inadéquation totale avec la réalité, des décisions dramatiques ayant été prises :

- permettre à une large partie des élèves d’abandonner les mathématiques dès la classe de première ;

- permettre à des élèves ayant choisi de faire des études scientifiques de ne pas pouvoir suivre de spécialité mathématique ;

- décourager ceux qui ont choisi la « spé maths » en créant une énorme discontinuité entre les savoirs, insuffisants, exigés dans les classes précédentes et le niveau, trop vite hors de portée, des contenus de spécialité.