Le campylographe


Une mécanique pour tracer des courbes

François Apéry

À la fin du XIXe siècle, le père Dechevrens, directeur de l'observatoire de Jersey, imagine une machine à tracer les courbes. Initialement prévue pour dessiner la trajectoire des planètes vues depuis la Terre, elle permet d'obtenir bien d'autres courbes que des épicycles !

Carte postale de 1937.

Tout amateur de géométrie se pose un jour la question : « Qu’est-ce qu’une courbe ? » En effet, dès que l’on veut faire des calculs de tangente, de courbure, de points singuliers, on bute sur la nécessité de disposer d’une définition pratique et commode de la notion de courbe.
La manière la plus élémentaire consiste en une définition en extension : on dresse une liste exhaustive d’objets géométriques que l’on baptise du nom de « courbe ». Les droites, les cercles, les ellipses, et plus généralement les coniques en sont des exemples. Cette idée trouve vite ses limites : une telle liste présente un caractère très subjectif. Chacun voudra y ajouter ses courbes favorites, et on n’arrivera pas à satisfaire tous les géomètres.
Ainsi, en 1937, lors de la création du Palais de la découverte, André Sainte-Laguë (1882–1950), qui était responsable de la section mathématique, eut l’idée de produire un ensemble de cartes postales illustrées au recto d’une courbe remarquable accompagnée, au verso, de son nom, de son équation, de son origine et de son « inventeur ». Cette série de cartes fut rassemblée près de quarante années plus tard, à l’initiative de Jean Brette, dans un numéro spécial de la ... Lire la suite gratuitement