Escroqueries, fraudes, mystifications, tromperies… et mathématiques


Bernard Beauzamy

L'exemple d'Archimède montre qu'à une époque les mathématiques étaient utilisées pour débusquer les entourloupes des escrocs. Est-ce encore fréquemment le cas aujourd'hui ? Bien souvent, non.

La plus belle mystification à caractère mathématique est due à la reine Didon, au IXe siècle avant notre ère : ayant abordé les rivages d’Afrique du Nord, elle s’était fait donner, selon la légende, pour s’installer et installer ses gens, une portion de terrain « que pouvait couvrir une peau de bœuf », demande raisonnable où personne ne verrait malice. Mais, ayant découpé la peau en fines lamelles, elle a converti cela en « portion de terrain que peut délimiter la peau de bœuf » : c’est l’origine de la ville de Carthage, dans l’actuelle Tunisie. Certains y voient la naissance de la recherche opérationnelle et de l’optimisation, d’autres l’éternelle rouerie féminine. Didon a eu un destin tragique. Séduite par Enée, elle s’est suicidée lorsque celui-ci l’a quittée pour aller fonder Rome…

Au IIIe siècle avant notre ère, le roi Hiéron de Syracuse demanda à Archimède de se prononcer sur la composition d’une couronne : était-elle d’or pur, comme attendu, ou bien l’orfèvre avait-il mélangé une certaine quantité d’argent, moins coûteux ? On trouvera en encadré la méthode inventée par Archimède, décrite par Vitruve au Ier siècle avant notre ère. Cette méthode est remarquable par son ingéniosité et sa capacité à prendre en compte les incertitudes de mesure, ... Lire la suite


références

Probabilité de ruine ou value at risk… et vol Paris-Nice. Alain Tosetti, La Jaune et la Rouge 577, septembre 2002, disponible en ligne.
Solvabilité II : une réforme inutile et dangereuse. Livre blanc rédigé par la Société de calcul mathématique SA, 2016, disponible en ligne.
Real Life Mathematics. Bernard Beauzamy, Bulletin of the Irish Mathematical Society 48, 2002.